SUCCES POUR LA COLLECTION DRAIN
Beaux résultats
Dimanche après-midi, les amis, anciens collègues et élèves de Pierre-Noël Drain (1929-2021) s’étaient donné rendez-vous à l’Hôtel des Ventes de Me Guilhem Sadde. Ce dernier avait la mission de disperser la collection personnelle et une partie du fonds d’atelier de celui qui fut le directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Dijon entre 1974 et 1990. Ces quelque 40 personnes durent batailler contre les 300 amateurs inscrits sur les plateformes internet qui retranscrivaient les enchères. Chacun voulut repartir avec un souvenir de cet homme très apprécié de son temps et du milieu artistique, ceux ne l’ayant pas connu ayant été admiratifs de sa curiosité de collectionneur. Le tableau de Yan Pei-Ming ayant été retiré de la vente quelques jours avant, le clou de la vente fut un important christ en croix du XVe siècle : mesurant 220 cm de haut, il fut emporté par un collectionneur à 8000 €. Les autres sculptures religieuses datant des XVIe au XVIIIe siècle partirent entre 1000 et 3500 € chacune. Pierre-Noël Drain avait eu la chance, dans les années 60 à Paris, de côtoyer Anna Zboroswka, muse de Modigliani, et veuve de Léopold Zborowski, célèbre marchand d’art de la première moitié du XXe siècle. En échange de services rendus, elle lui avait fait cadeau de divers souvenirs de la famille, tel ce dessin représentant Guillaume Apollinaire adjugé 5000 €, telle cette copie du portrait d’Anna par Modigliani partie à 1000 €, tout comme cette édition originale du Manifeste du Surréalisme, avec envoi de l’auteur, André Breton, qui demandait 1450 €. Ou encore, cette photographie d’époque de la célèbre tête Biéri (collection Paul Guillaume, Epstein, MET, New-York) pour laquelle il fallait débourser 2700 €. L’éclectisme du collectionneur Pierre-Drain diffusait également dans son œuvre personnelle : débutant dans les années 50 avec la figuration, il s’essaya ensuite à une abstraction proche de Manessier, à des collages érotiques, ou encore à des résines moulées, dont la plus grande se trouve actuellement à Grenoble sur les Campus des Arts. N’ayant jamais voulu exposer et vendre en galerie, il concentra toute sa carrière à l’enseignement et à la transmission des sensibilités artistiques. Sa cote posthume a commencé à se faire depuis dimanche. Les prix s’étalèrent entre 150 € pour les petits dessins à 2500 € pour un grand triptyque en résine.